Bouquet dans une loge
Renoir se montre ici plus intéressé par la loge d’un théâtre que par la scène et nous en fait même découvrir un détail. Aucun personnage n’est visible, seulement le bouquet de roses d’une spectatrice élégante, enveloppé de papier blanc. On se trouve ici à la croisée d’une représentation vivante du monde du théâtre et de la nature morte ou "vie silencieuse". Renoir aimait introduire un bouquet dans ses tableaux. Il peignait aussi des natures mortes aux fleurs, influencé par celles réalisées dans les années 1860 par le peintre Edouard Manet (1832-1883).
L’espace de la loge est simplement rendu par la ligne sinueuse de la cloison sur la droite. La large banquette rouge, qui forme l’essentiel du fond, y contraste avec la balustrade grise, simplement esquissée. Aucune profondeur n’est indiquée, ce qui montre une influence des estampes japonaises rarement observée chez Renoir. Le bouquet forme une masse ronde, traitée en petites touches nerveuses, qui s’oppose aux traits enveloppants du papier. Celui-ci est plié de la même manière que celui du bouquet de la célèbre Olympia de Manet, réalisée en 1863 et aujourd’hui conservée au musée d’Orsay. Le bouquet est là une allusion à la féminité et peut-être à une aventure galante.