Le Dindon

Chaïm Soutine
Le Dindon
vers 1925
huile sur toile
H. 80 ; L. 65 cm avec cadre H. 102 ; L. 86,5 ; P. 10,5 cm
© RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski
Chaïm Soutine (1893 - 1943)
Niveau -2, Salle 9

En 1925, dans son atelier de la rue Saint Gothard à Paris, près de Montparnasse, Soutine se lance dans une suite de peintures d’animaux morts. Parallèlement à la fameuse série de "Bœufs écorchés", il brosse une série de volailles plumées ou à demi-plumées. Elles ne sont pas simplement posées mais pendues par le cou ou les pattes, figées, le bec grand ouvert dans les derniers spasmes de leur agonie. Les toiles sont très frappantes et même angoissantes.
Les bœufs écorchés renvoient aux célèbres toiles du grand peintre hollandais Rembrandt (1606-1669). Les volailles suspendues, quant à elles, évoquent le rituel du Kippourah, qui a lieu la veille de la fête juive du Yom Kippour ou Grand Pardon. Soutine y avait assisté durant son enfance en Biélorussie.
Ici la composition tout en déséquilibre et le fond sombre mettant en valeur la volaille morte renforcent l’intensité dramatique de la scène. Le corps étiré du dindon s’oppose en diagonale au crochet du vasistas (petite fenêtre du toit) auquel il est suspendu. Il est lacéré de touches rouges et jaune vif. Ses pattes recroquevillées et les plumes ébouriffées de son cou dénoncent la violence de la mort tout comme son bec ouvert. De quelques détails, le peintre a créé une œuvre forte à l’atmosphère pesante.