Présentation du spectacle
À travers ce récital hétérogène, apparaissent l'étrangeté, la multitude et l'actualité paradoxale de ces corps sculptés par Isadora, créés dans un monde en proie à des mutations inédites, à la fois effrayant et fascinant. Ces danses témoignent d'un désir puissant de reconquérir une intensité propre et côtoient des dérives contemporaines inspirées par l’impression que ce moment artistique a laissé : « Isadora Duncan éblouit nos angles morts ».
Entre répertoire et création, la plongée dans ces danses insaisissables est pour François Chaignaud autant l'étude d'une histoire et de ses formes chorégraphiques qu'une interrogation salutaire, adressée à sa propre pratique et à notre façon contemporaine de créer et de danser.
Dans l’ellipse des salles des Nymphéas de Claude Monet, la danse, la musique et le mouvement des images articulent ainsi l’art et le vivant, créant un espace immersif de transformation et de transmission perpétuelle.
(La vidéo du spectacle de François Chaignaud a été diffusée en ligne du 24 septembre au dimanche 26 septembre 2021.)
Distribution
- François Chaignaud : interprétation, danse, chant
- Romain Louveau : accompagnement piano
- Chorégraphies d’Isadora Duncan reconstruites et transmises par Elisabeth Schwartz
Programmatrice du cycle « Danse dans les Nymphéas » : Isabelle Danto
La chanson Je suis née par-delà l’Atlantique est extraite de Cantate pour les années folles de Nosfell, dont le texte a été écrit par Anne-James Chaton, 2017
Préambule
Tableau 1 : Folâtrerie
C’est à un élan joyeux et partageur qu’invite ce récital qui donne à voir et à entendre le sens du bonheur : chacune de ces danses a un rapport à la joie, même dans les thèmes les plus tragiques. L’espace elliptique des Nymphéas qui forme le signe de l’infini, dialogue avec cette danse qui refuse la ligne droite, comme avec le grand répertoire musical romantique, une première à l’époque.
Tableau 2 : Les danses d’Isadora en résonance avec les panneaux peints de Monet
Invité régulièrement à danser dans les Nymphéas, François Chaignaud revisite la tradition du récital en évoquant l’œuvre chorégraphique d’Isadora Duncan (1877-1927) - contemporaine de la peinture de Monet. Avec le pianiste Romain Louveau, ils alternent danses iconiques et pièces méconnues. Nosfell et Anne-James Chaton côtoient Debussy et Chopin pour rejouer la pluridisciplinarité de cette époque.
Tableau 3 : François Chaignaud et Elisabeth Schwartz : poursuivre l’idéal de transmission d’Isadora
Accueillant dans sa pratique les danses d’Isadora Duncan pour inventer un récital qui mélange des sources multiples, c’est avec la complicité d’Élisabeth Schwartz qui lui transmet ce répertoire en studio depuis 2015 que François Chaignaud poursuit l’idéal de transmission d’Isadora : dépasser la seule forme des danses par une manière de percevoir et de penser depuis son propre corps.
Tableau 4 : Laisser la forme se défaire
Les performances d’Isadora Duncan marquent toute une génération d’artistes qui la reproduisent en peintures, dessins, sculptures et photographies. Pourtant ce récital s'éloigne de tout ce qui peut figer la danse et l'aura du mouvement dans une posture empruntée. La danse résulte non pas d'une pose, mais d'une manière de laisser la forme vivre et se défaire - à partir d’archives et de sensations multiples.
Tableau 5 : Tourbillon
Quelques secondes d’images filmées en 1911, donnent une idée de la gestuelle d’Isadora, en grande robe flottante, pieds nus sur l’herbe, libérée de tous les corsets. Très loin d’une reconstruction, cette version filmée du récital donne à son tour une idée de la place que ces danses et leur interprétation ont dans la pratique de François Chaignaud, dans son rapport à la danse et à la création, aux archives et à l’incarnation.